Batterie de cuisine

Ceci n’est pas une casserole mais un « dispositif sonore portatif ». Cela pourrait prêter à sourire et certains apprenant que ce « dispositif » était interdit en manifestation à Ganges dans l’Hérault en ont même parfois ri. Sauf que, lorsqu’un arrêté préfectoral en vient à prohiber l’usage de ce genre d’outil en s’appuyant notamment sur la loi « sécurité globale préservant les libertés », la loi « relative à la prévention d’actes de terrorisme et au renseignement », ainsi que le plan Vigipirate « sécurité renforcée – risque attentat », on se demande si on a pas atteint le fond d’un inquiétant ridicule,

Jusqu’où n’iront-ils pas ? On aurait tort de minimiser l’inventivité administrative. Que nous restera-t-il alors : la voix, siffler entre ses doigts (si on y arrive) ou l’attentat pâtissier juridiquement risqué ? Les deux professeurs attaqués en justice par Jean-Michel Blanquer, pour l’avoir aspergé de chantilly, ont été condamnés à 300 euros d’amende chacun. Je ne sais pas si, comme ils l’envisageaient, ces dangereux prévenus ont fait appel de leur condamnation.

Vu les moyens policiers mis en oeuvre pour sécuriser les déplacements du Président, il faudrait d’ailleurs balancer le gâteau attentatoire à la catapulte pour lui permettre de passer le périmètre de sécurité organisé autour de sa personne.

Alors qu’il était encore ministre de l’Économie, E. Macron évoquait le vide laissé par « la figure du roi », dont « le peuple français n’a pas voulu la mort ». Porté par une majorité confortable à l’Assemblée nationale, composée essentiellement de primos-élus, le Président a dévoilé, au cours de son premier quinquennat, un sens très vertical de l’exercice du pouvoir. La donne représentative a un peu changé depuis l’an dernier sans influer sur sa « pratique des institutions ». Peut-être même a-t-elle paradoxalement aggravé cette verticalité revendiquée.

L’ « apaisement tour » aux accents impériaux, mal embarqué, si on en juge par ses premières rencontres, très millimétrées pourtant, avec « les Français », aurait tendance à le confirmer, je trouve.

« Il y a une Constitution, c’est le président qui décide et y a un Parlement qui accorde ou pas la confiance par des textes ou des motions de rejet, c’est simple hein » a-t-il affirmé lors de sa visite alsacienne. Ce qui constitue une interprétation toute personnelle des dispositions selon lesquelles « le Président de la République veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l’État » (art.5 de la Constitution). Et le Gouvernement dans tout ça, censé déterminer et conduire la politique de la nation (art. 20 de la Constitution) ? Un attelage de simples collaborateurs. Où l’on voit ce que le macronisme emprunte parfois à l’hyperprésidence srakozyste.

Alors que bruissent des rumeurs de remaniement à l’issue de ces « cent jours d’apaisement », Jean François Copé, bygmalien, ancien ministre et toujours maire de Meaux, juge que le Président est le grand gagnant de cette séquence « réforme des retraites ». Une offre de services subliminale ?