Engagez-vous qu’ils disent

2 milliards d’euros pris sur le budget de l’Éducation nationale, c’est ce que coûtera le service national universel (SNU) lorsqu’il sera rendu obligatoire..

Petit retour en arrière. Le SNU a été préfiguré dans 13 départements en 2019 puis étendu à l’ensemble des départements français en 2020. En 2021, un peu plus de 61,6 millions € ont été mobilisés pour 14 650 jeunes.

Mais qu’est-ce au,juste ? En gros c’est ça (Pour plus de détails voir le site : https://www.snu.gouv.fr/.)

Quelques petites photos pour compléter la précédente :

Je ne sais pas si l’institution de ce scoutisme nationalisé avait un sens – dans la mesure où les jeunes désireux de s’investir, comme on dit, avaient déjà un panel de possibilités – mais la décision de rendre son accomplissement obligatoire interroge.

Selon le journal Politis qui a pu consulter un document sur le sujet, rendu obligatoire, le SNU s’inscrirait dans le temps scolaire. Il s’agirait, selon les mots de la secrétaire d’État chargée du SNU, Sarah El Haïry, de permettre aux jeunes de « participer à la résilience, à la force morale de notre pays ».

Le SNU se composerait d’un séjour de cohésion obligatoire de 12 jours que le jeune effectuerait en-dehors de son département ou sa région de résidence .

Plusieurs modules seraient imposés sur des enjeux liés à la défense, à la sécurité intérieure, à la mémoire, à la transmission « des valeurs de la République » ainsi qu’à la biodiversité et au développement durable. L’engagement dans des métiers en uniforme, dans des associations et dans l’économie sociale et solidaire serait aussi abordé.

La priorisation de la présentation des objectifs n’est pas indifférente. Vu l’empressement du Gouvernement en matière écologique, je doute de la profondeur des modules relatifs à la biodiversité ou au développement durable sauf à accepter d’introduire de la contestation dans l’ordre. Quant à l’insertion dans des associations et dans l’économie sociale et solidaire, d’autres canaux d’information existent déjà : les organismes. eux-mêmes ou les salons et forums étudiants, par exemple. Par contre sur les métiers en uniforme…

Le profil de cette généralisation a, en tous cas, fait surgir quelques souvenirs, pas si lointains, chez les historiens de l’éducation. Ainsi en est-il de Claude Lelièvre qui, dans son blog sur Médiapart, fait notamment référence aux ‘‘Chantiers de jeunesse’‘ : un service civil obligatoire mis en place par une loi du 30 juillet 1940. Selon une instruction du secrétariat à la Guerre du 28 juillet 1940: « les jeunes accompliront un service civil qui permettra d’assurer leur cohésion morale par la vie en commun, leur développement physique par des exercices sportifs, enfin des travaux d’intérêt général ».

L’article qui suit détaille la chose :

https://www.cairn.info/revue-guerres-mondiales-et-conflits-contemporains-2017-4-page-45.htm

Les images mentent toujours un peu (voire plus car les « jeunes » de 1940, uniquement de sexe masculin, étaient plus âgés que nos SNUistes : 20 ans et plus) mais, tout de même, celles qui suivent confrontées aux précédentes laissent un sentiment de reproduction.

Certes nous ne sommes pas occupés et E.Macron, malgré sa sympathie pour le général de 1916, n’est pas Pétain, bien que l’autoritarisme chez lui ne soit jamais bien loin (cf. les décisions prises en comités restreints, santé, défense, et jamais débattues) mais de quoi cet engagement initialement volontaire rendu obligatoire est-il le nom ? Que veut dire manger du temps scolaire pour une hypothétique cohésion en 12 jours ? Sans compter que le trajet des jeunes de leur domicile au lieu d’exécution de leur SNU restera à la charge des familles. Et que l’objection de conscience ne sera pas de mise en l’absence de maniement d’armes par les intéressés (toujours selon Sarah El Haïry).

Pour l’heure, c’est surtout un budget dont l’école publique en piteux état aurait pu utilement bénéficier… et aussi un gros bazar logistique.

Pendant ce temps là, Pap Ndiaye laisse aller et ne dit rien.

Lors de son premier quinquennat E. Macron déclarait qu’il ne céderait « rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes. » En ce qui concerne les derniers (à droite) cela reste à vérifier. Pour les premiers (ou soit-disant tels) ils ont été « traités » via la réforme de l’assurance chômage. Reste les cyniques. Mais leur céder en quoi quand on est un membre éminent de la confrérie ?